Les futurs décideurs ou chefs de projet dans les domaines de l'énergie, du transport et de l'environnement ont eu un cours les incitant à élargir leur champ de vision lorsqu'il s'agit de prendre une décision.
Ce cours fait partie des enseignements fondamentaux du Master 2 Économie de l’environnement de l’énergie et des transports porté par l'université Paris-Saclay en partenariat avec l'université Paris-Nanterre, l'école des Ponts, l'IFP-School, l'ENSAE et l'école des Mines/PSL. Un public de haut niveau, curieux et attentif.
Parmi les critères de choix les plus utilisés par les investisseurs privés, figure en haut de la liste, la VAN. La VAN est la valeur actuelle nette des cash-flows futurs à laquelle est soustraite la mise de départ. Dans ce calcul, le taux d'actualisation représente le coût moyen pondéré des capitaux mobilisés.
Une VAN positive signifie que la rentabilité du projet est supérieure à ce que rapporterait le placement financier du montant investi à un taux égal au taux d’actualisation. Donc l'investisseur se lance.
Stop! Même si la VAN est positive, il peut être préférable d'attendre avant d'investir. Attendre d'avoir plus d'information sur le contexte dont sont tributaires les cash-flows futurs. Si investir immédiatement met le décideur dans une situation irréversible (il a engagé les capitaux et ne peut plus revenir en arrière), attendre lui laisse le choix de décider plus tard, en meilleure connaissance de cause. On parle de décision flexible comme cela est le cas des projets de construction par tranches, de ceux qui consistent à louer une machine (leasing) en gardant la possibilité de l’acheter, des programmes de R&D organisés en jalon stop or go, etc.
Bien sûr la flexibilité n'est pas gratuite et l'objet du cours est d'apprendre à évaluer son bénéfice/coût.
Outre les techniques de calcul (relativement simples si l'on manie bien les probabilités et les espérances), il faut apprendre à raisonner en incertitude en reconnaissant que la vie d'un projet, n'est pas un long fleuve tranquille. Ainsi avant d'investir, il convient de passer beaucoup de temps (et d'argent) à faire de la veille stratégique pour anticiper d'où et par qui peut venir le risque. Il faut notamment être en capacité d'anticiper l'arrivée d'information permettant de voir plus clair sur les risques encourus: résultat d'une élection, publication d'une règlementation (information gratuite), résultat d'une étude de marché (information payante), etc.
Ensuite, il faut réfléchir à la manière de manager son projet d'investissement de manière à dégager des solutions de flexibilité variable, allant de la solution irréversible à la solution totalement flexible que constitue l'attente, en passant par toute une gamme intermédiaire (investissement par petites tranches, etc.).
Cette méthode permet de capter l'incertitude qui est source de richesse dans la mesure où l'anticipation de l'arrivée d'information offre la possibilité de choisir en éliminant les cas défavorables au profit des cas favorables. On ne perd jamais. La puissance de la VAN est remise en cause.
L'économiste Claude Henry a ainsi évalué la valeur économique des investissements visant à conserver les ressources naturelles (site, ressource non renouvelable, biodiversité…). La conservation d’une liberté future de choix a une valeur économique.
C'est lui qui a résumé les conditions permettant de capter la valeur de l'incertitude:
1. Prise en compte de la dynamique dans la décision,
2. Présence d’incertitude : prix (output, input, carbone), évolution des technologies, des normes, de la législation, de l'opinion publique, de la demande et des usages…
3. Ensemble de décisions de flexibilité variable : construction irréversible, construction par tranches, projet de R&D (stop or go), …. , attente
4. Information croissante : «On en saura plus demain sur après demain que ce que l’on sait aujourd’hui».
Bref, un état d'esprit et une méthodologie approuvée aidant aux choix en incertitude.
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