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NOTRE ACTUALITÉ

  • Photo du rédacteurNathalie Popiolek

Les partenariats pour la souveraineté énergétique de l’Europe et de la France

Dernière mise à jour : 7 juil.

C'est le thème de la conférence organisée par l’Hémicycle, revue politique et géopolitique, qui s'est tenue au Sénat vendredi 30 juin 2023 en présence de Madame l'Ambassadrice du Kazakhstan, Gulsara Arystankulova.


L'occasion de débattre autour d'une table ronde animée par Gilbert Azoulay en présence de François De Rugy, ancien ministre de l’écologie, de Michaël Levystone, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales, d'Emmanuel Rivière, directeur des sondages internationaux et du conseil politique chez Kantar et de Joël Ruet, président de The Bridge Tank.


L'importance de la souveraineté énergétique


La souveraineté énergétique, qui est mise aujourd'hui en avant dans les sondages d'opinion, est un sujet d'une importance constante dans la décision politique.


Si l'on se réfère au sondage, réalisé par l'institut de données et d’études Kantar en 2022 suite à l’agression de la Russie sur l’Ukraine [1], on observe que les inquiétudes des citoyens européens se focalisent sur la hausse des prix, et le coût de la vie (54%) — une conséquence de la hausse des prix de l'énergie — et sur l’approvisionnement en énergie (22%). Les préoccupations sur la situation économique (20%), l’environnement et le changement climatique (15%) et la santé (14%) arrivent derrière. Lors du même sondage effectué à l’été 2020 en pleine crise COVID, la santé arrivait en seconde position (31%), après la situation économique (33%) et avant le chômage (28%).



Les enquêtes montrent que les européens attendent que les pays membres mènent des politiques concertées assurant un approvisionnement énergétique de l'Europe dans de bonnes conditions.



Une voie : la coopération économique soutenue de l'Europe avec l'Asie centrale


La coopération économique de l'Europe avec l'Asie centrale est une voie pour y parvenir quand on sait que le Kazakhstan [2], l'Ouzbékistan [3] et le Turkménistan détiennent d'importantes réserves en matières premières énergétiques, et présentent un faible risque-pays.

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La France et le Kazakhstan : un partenariat de plus de 30 ans


En ce qui concerne la France, elle entretient des relations privilégiées avec le Kazakhstan dans le cadre de l'accord de partenariat et de coopération renforcé entre cette république d'Asie centrale et l'Union européenne. Ces relations sont établies de longue date, et c'est pour fêter leur trentième anniversaire en novembre 2022 [4], que le Président de la République kazakhe, M. Kassym-Jomart Tokaïev a été reçu officiellement à Paris.


Rappelons que le Kazakhstan est le premier partenaire commercial de la France en Asie centrale. Leader de la production mondiale d’uranium — 40% en 2018 —, il exporte l'uranium nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires françaises. En 2021, il est le deuxième fournisseur de pétrole brut de la France. Quant à la France, elle représente le troisième investisseur étranger au Kazakhstan et exporte vers ce pays, des aéronefs, des engins spatiaux, du matériel ferroviaire, des préparations pharmaceutiques, etc.

La visite du Président kazakh en novembre 2022 a donné l'occasion de rappeler le Traité de partenariat stratégique entre la France et le Kazakhstan signé par le Président Nicolas Sarkosy le 11 juin 2008. Ayant réaffirmé leur ferme engagement à lutter contre le changement climatique, les Présidents Emmanuel Macron et Kassym-Jomart Tokaïev ont signé un certain nombre d'accords clés pour la transition énergétique, que ce soit en faveur des énergies renouvelables, de la production d'hydrogène vert, du nucléaire civil ou encore de la gestion des ressources en eau.


Car le Kazakhstan est engagé depuis 2013 vers une économie verte (Green Economy Concept) [2] qui appelle le pays à produire 50 % de son électricité d'ici 2050 à partir de sources "alternatives ou renouvelables" — la feuille de route a inscrit 15% d'énergies renouvelables en 2030. De plus, l'engagement du président Kassym-Jomart Tokaïev en 2021 d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060 a donné une nouvelle impulsion au développement des politiques climatiques du gouvernement.


Des opportunités de projets mutuels en faveur de la transition énergétique


Ainsi, selon l'ambassadrice, il existe entre les deux pays engagés dans la lutte contre le changement climatique, un fort potentiel de développement pour le commerce et les investissements. Cela est le cas par exemple de la coopération dans le domaine des matières premières critiques, notamment les terres rares, qui pourrait être amenée à se développer.


Parmi les projets emblématiques du renforcement de la coopération bilatérale des deux pays, on peut citer le projet éolien Mirny [5] — 200 éoliennes, totalisant 1 GW de capacité installée — complété d'une capacité de stockage par batterie — 600 MWh. TotalEnergies a signé un accord avec ses partenaires Samruk-Kazyna et KazMunayGas pour développer le projet.


Dans le domaine du nucléaire [6], Orano et Kazatomprom — opérateur national kazakh — ont créé en 1996 la co-entreprise KATCO — 51% Orano, 49% Kazatomprom — qui exploite deux sites miniers au sud du Kazakhstan. En 2018, KATCO représente 40% de la production minière consolidée d’Orano et en 2019, le gouvernent du Kazakhstan autorise le lancement de travaux en vue d’exploiter un nouveau gisement d'uranium qui assurera une part significative de la production de KATCO.


Une coopération "Win Win" à renforcer


De nombreuses exemples illustrent la détermination du Kazakhstan d'atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce sont autant de projets de coopération potentiels avec la France. Cela pourrait concerner le remplacement progressifs des infrastructures vieillissantes — centrales fossiles, réseaux de transport d'électricité —, l'augmentation des capacités d'énergies renouvelables — l'éolien mais aussi le solaire quand on sait que le Kazakhstan est le neuvième plus grand pays du monde — la promotion de l'efficacité énergétique, etc.


La coopération entre la France et le Kazakhstan est précieuse. C’est une stratégie gagnante pour les deux pays. Il ne s’agit pas pour la France de transférer des technologies énergétiques mais de les tester dans un environnement plus difficile (conditions climatiques, vétusté des infrastructures notamment) afin de les rendre plus résilientes et mieux adaptées aux contraintes de la transition. Les relations géopolitiques et commerciales entre pays sont utiles et doivent pouvoir se développer sans tabou.


[1] Rapport Kanta sur le sujet de 2023-01-26-image-UE-dans-les-crises.pdf

[2] Rapport AIE 2022 : https://www.iea.org/reports/kazakhstan-2022

[3] Site de la Sfen : https://www.sfen.org/rgn/ouzbekistan/

[4] Site : https://www.vie-publique.fr/discours/287388-presidence-de-la-republique-30112022-france-kazakhstan

[5] Site de TotalEnergies : https://totalenergies.com/fr/medias/actualite/communiques-presse/kazakhstan-totalenergies-signe-contrat-vente-delectricite-25

[6] Site d’Orano : https://www.orano.group/fr/presse/dossiers-de-presse/point-sur-le-gisement-de-kanjugan-au-kazakhstan

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