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NOTRE ACTUALITÉ

  • Photo du rédacteurNathalie Popiolek

Assistance Publique-Hôpitaux de Paris: fort impact socio-économique

Les économistes ont coutume de nommer impact socio-économique (ou footprint), les retombées d’une dépense (investissement ou financement d’activités), le plus souvent publique, sur son écosystème, et ce au-delà de l’objectif premier assigné. Par exemple, dans le champ de la recherche, le retour sur le financement des activités d’un centre régional de R&D, s’apprécie non seulement en termes d’accroissement des connaissances – que les paires évaluent en fonction du nombre de publications académiques à impact factor élevé, mais également en termes de création d’emplois et d’augmentation de l’activité économique liées aux salaires et aux achats (équipements, énergie, etc.) sur le territoire et au delà. S’il est possible de quantifier de façon approximative cette empreinte socio-économique, cela devient beaucoup plus délicat dès lors que l’on s’intéresse aux autres externalités comme l’impact des activités de recherche et d’innovation ou encore les retombées liées à l'acquisition d'équipements de haute technologie, véritable moteur d'innovations (Popiolek, 2021). Il n'en reste pas moins que ces bénéfices difficilement quantifiables existent et sont importants. Ils peuvent être appréciés de manière qualitative et approfondie.



Impact de l'AP-HP en sus de sa mission première de santé publique (©N. Popiolek)


Nous nous intéressons ici à un autre domaine qui relève du secteur de la santé, pour nous pencher sur l’impact du centre hospitalo-universitaire de la région Île-de France, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Nous verrons que cet impact – qui dépasse la région elle-même – découle en partie des activités de recherche en santé.


L’AP-HP, c’est 39 hôpitaux regroupés en six groupes hospitalo-universitaires:

  • Centre-Université de Paris;

  • Sorbonne Université;

  • Nord-Université de Paris ;

  • Hôpitaux Universitaires Henri Mondor;

  • Université Paris Saclay;

  • Hôpitaux Universitaires Paris Seine-Saint-Denis. (©Crédits photo: AP-HP/F.Marin)

En sus de la mission de santé publique qu’elle assume en accueillant chaque année 24h/24 des millions de personnes malades et en garantissant un libre et égal accès aux soins, sans condition de ressources, et sans discrimination[1] (6,9 millions de prises en charge en 2020 dont 63 500 patients COVID[2]), l’AP-HP génère un important impact socio-économique (cf. schéma).



Le principe des « chocs » dans l’économie au niveau de la Région et au-delà (©N. Popiolek)


Tout d’abord, il s’agit du premier employeur d’Île-de France avec près de 100 000 emplois.

À lire dans le rapport annuel de l'AP-HP 2020 (d'où sont extraits les chiffres de cet article pour l'année 2020), l’AP-HP, c’est 100 000 professionnels au service des patients dont plus de 12000 médecins et plus de 53000 personnels paramédicaux et socio-éducatifs (plus de 210 métiers exercés). La masse salariale (4,8 Md€) génère des emplois induits (commerçants, artisans, etc.), de la Valeur ajoutée (VA) induite ainsi qu’un retour fiscal (TVA notamment).


Ensuite, par ses achats de biens et de services, l’AP-HP génère des emplois indirects et de la Valeur ajoutée indirecte chez ses fournisseurs. Lesquels vont consommer et créer des effets induits (emplois, VA, TVA). Cet effet d’entrainement n’est pas négligeable en raison du budget de fonctionnement conséquent de l’AP-HP : 3 Md€ hors masse salariale, en 2020.


Nous pourrions estimer les coefficients multiplicateurs permettant d'apprécier de façon approximative les emplois indirects et induits associés aux 100 000 emplois directs en Île-de France, ainsi que la Valeur ajoutée indirecte et induite drainée par le budget des achats de l'AP-HP. En contre partie, il faut tenir compte des conséquences financières pour l'État de la dépense publique (coût d'opportunité).


Si l’on regarde maintenant plus loin que l’empreinte socio-économique, l’impact de l’AP-HP s’apprécie également en considérant:

  • le rayonnement international (c’est le plus grand centre hospitalier universitaire européen);

  • les activités de recherche (3500 projets de recherche en cours; 10 250 publications scientifiques);

  • les activités d’invention (650 portefeuilles de brevets actifs);

  • les activités d’innovation;

    • innovation diagnostique et thérapeutique (thérapies géniques, séquençages…) ;

    • innovation technologique et numérique (dispositifs médicaux, télémédecine, intelligence artificielle) menée notamment en partenariat avec l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA);

    • innovation organisationnelle et comportementale (nouveaux modes de prises en charge, nouvelles formes de communication...);

  • la formation (7600 étudiants en formation initiale; 4600 étudiants en médecine).

L’appréciation de l’impact lié aux activités de recherche et d’innovation dans le champ de la santé s’inscrit dans une démarche relativement complexe comme elle peut l’être lorsqu’il s’agit de mesurer les externalités de connaissances dans n’importe quel domaine. Dans le cas de l’AP-HP, on peut souligner néanmoins l’avantage notable que procure la proximité des patients, au suivi des protocoles et aux essais thérapeutiques. Pour la recherche sur le Covid-19 par exemple, les résultats obtenus par AP-HP l’ont classée en tête des publications dans des revues à comité de lecture: elle a signé 50% des études publiées par les CHU et 31% des publications françaises.


En conclusion

S’il est admis que l’AP-HP doit être réformée pour faire face à la crise qu’elle subit actuellement sur un grand nombre de fronts (déficit budgétaire [3], manque d’infirmières, fuite des médecins vers le privé, lourdeurs administratives, etc.), c’est bel et bien en considérant son empreinte socio-économique globale et l’ensemble de ses externalités positives, que le plan stratégique de l’AP-HP doit être bâti avec une vision de santé publique à long terme.


Espérons que ce plan soit élaboré en préservant, ce que l’AP-HP a peut-être de plus précieux: les valeurs d’excellence de la qualité des soins et d’humanité auxquelles l’ensemble de ses professionnels sont attachés comme en témoigne le Manifeste des valeurs publié en 2017, bel et bien appliqué au sein du centre hospitalier !

[1] cf. Manifeste des valeurs adopté suite à un travail collectif lancé fin 2016 et auquel près de 3000 personnes ont contribué.

[2] 6 450 en soins critiques

[3] Le résultat 2020, marqué par la survenue d’une crise sanitaire sans précédent aux conséquences financières particulières, s’établit à près de - 250 M€ pour le Budget principal, soit une réalisation en dégradation de 130 M€ par rapport à la prévision déposée en octobre 2020.

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